• Rock'n'Roll Voyage - 2 -

    Rock'n'Roll Voyage - 2 -  Un percussionniste marocain apporte son matériel sur une brouette. Une entrée en scène sortant de l'ordinaire et qui se remarque. De nous, pas de l'assistance pour qui cette représentation est des plus banales.
      Le gars dépose précautionneusement sur l'estrade ses tebilats, des tambours dissymétriques jumelés, reliés entre eux par des liens de cuir. La surface de percussion est constituée de peaux de mouton parcheminées.
      ̶  Ça change des skins de frappe en synthétique, observe sentencieusement « Moulinex » même si les membranes naturelles ont encore largement cours chez nous.

       Pendant que nous échangeons ces commentaires, le batteur indigène ajoute à son attirail une darbouka. Il s'agit d'une poterie de forme cylindrique, décorée de motifs géométriques finement colorés, resserrée en son milieu tel le ludion d'un yo-yo de jongleur. La darbouka est recouverte d'une peau de chèvre tenue par des lacets. Quoiqu'on puisse en jouer debout, en la tenant sous son aisselle, le musicien la case à côté des tebilats, avant de s'asseoir derrière. Puis il demande à Hakim :
       ̶  Attini al bendir !
       ̶   Yhââ, nsitou !

      Le patron, qui nous a aimablement cornaqués dans le glossaire et les caractéristiques des instruments de musique orientale, nous traduit ce dialogue spontanément :
       ̶  Rachid m'avait demandé de lui trouver un autre tambourin, le bois et les fibres du sien ont travaillé à cause de l'humidité, et il n'est plus satisfait du son. Mais j'ai oublié. Je l'ai juste mis à sécher sur la terrasse. Avec le soleil et le vent, ça devrait aller.
      Ledit Rachid qui comprend parfaitement le français, hausse les épaules et rétorque, résigné :
       ̶  Safi, safi... Va-le chercher !

      Je suis curieux d'entendre ce que va donner ce mariage insolite des percussions traditionnelles, dont les origines remontent à l'antiquité, à un piano électrique de jazz-rock-pop. Et pas n'importe quel clavier. Un Wurlitzer Série 100. Réplique de celui sur lequel le Genius a composé :  « What'd I Say » en live !
       Une sacrée référence. Repeint en mauve. Un régal pour les yeux et les oreilles. Il dispose de son propre ampli Fender à lampes de 40 watts, dans une grosse boite en bois rouge qui évoque davantage une T.S.F des années atomiques de l'immédiat post-Hiroshima qu'un accessoire vintage pure rock.

       Hakim revient avec une espèce de caisse claire creuse en bois blanc. Avant de la remettre à Rachid, il la retourne pour nous montrer et explique :
       ̶  Voyez à l'intérieur, sous la peau de chèvre il y a des cordes en boyau. Quand on frappe le bendir comme il faut, elles vibrent pour accentuer les basses.
        ̶  Donne ! Exige le musico qui s'impatiente.


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